Vous voulez mon avis sur une tendance pathologique que tout le monde connaît, dont beaucoup sont atteints et dont peu de gens connaissent le nom?... Eh bien, je vais vous le donner, mon avis sur une tendance pathologique que tout le monde connaît, dont beaucoup sont atteints et dont peu de gens connaissent le nom.
La procrastination, ça doit pas être le pied! Pour rappel, il s'agit de la tendance à remettre toujours au lendemain ce qu'on peut faire le jour-même. Bien sûr, la plupart du temps, les gens atteints le sont légérement. Ce doit être mon cas. Souvent, lorsque j'ai un devoir à rendre et que je sais que, le lendemain, je ne serai pas encore (trop) en retard pour m'y mettre, je repousse cette corvée d'une journée.
Malheureusement, il existe des gens plus gravement atteints. Et d'eux, on n'en parle pas! Même eux semblent hésiter! Ils ont beau nous dire <<Un jour, je viendrai témoigner.>>, on attend toujours!
En tous cas, leur situation est loin d'être facile. Vous imaginez leur quotidien?... Déjà, leur quotidien n'est constitué que de choses qu'ils auraient dû faire la veille. Ils doivent donc obligatoirement avoir une bonne mémoire, sinon la journée risque d'être écourtée voire vide! Et pas question pour eux d'en profiter pour s'avancer dans leur travail! Remettre à aujourd'hui ce qui était prévu pour demain, le procrastinateur n'y songe même pas!
Bref, ils ne peuvent pas vivre au jour le jour. Alors, ils vivent au jour le jour moins un. Pas évident, hein?
Et les dates fixes?... Eh oui, vous l'avez deviné: pour eux, la fête nationale (en tous cas, sa célébration), c'est le 15 juillet! Noël? Le 26 décembre. Leur anniversaire? Le lendemain. Et je vous dis pas le bordel pour ceux nés un 28 février: trois ans de suite, c'est en mars; la quatrième année, ça reste en février. C'est comme pour les "normaux" nés le 29, quoi!... Et les procrastinateurs nés un 31 décembre, hein? Ceux nés le 31 décembre 1985, par exemple, considèrent que 2010 est l'année de leur vingt-quatre ans.
Le jour de leur mort, ils font tout pour survivre encore une journée; parce que, mourir le jour-même, ça, jamais! Plutôt mourir!
Et ne parlons pas des rendez-vous! S'ils n'ont pas prévenu de leur pathologie, tout le monde croit qu'ils ont oublié de venir la veille comme c'était prévu.
Alors, évidemment, il y a des cas de force majeure, dûs à leur cohabitation avec les gens non-atteints et à cause de la nature qui n'est visiblement pas procrastinatrice. Ainsi, le 12 août 1999, il était trop tard: l'éclipse n'avait pas attendu. De même, comme tout le monde en parlait, les procrastinateurs ont été à leur insu mis au courant un jour plus tôt des attentats du 12 septembre.
Mais, ces problèmes ne s'arrêtent pas là! Parfois, ils envahissent tous les domaines de la vie de ces individus. Par exemple, s'il leur prend l'envie de faire un jeu, eh bien, ce sera forcément un jeu de vilain. Toujours dans le loisir, on a l'exemple du gardien de but qui, après avoir arrêté magistralement le ballon, ne le renvoie jamais au pied, mais le remet en jeu systématiquement à deux mains. C'est pas bien grave, mais c'est tout de même étrange, non?
Et cet amoureux de la chanson! On y pense? Malgré tout le coeur qu'il y met, il ne parvient pas à chanter correctement la célèbre ballade des beatles... ou alors ça devient: <<Today, all my troubles seemed so far away.>>! Avec Aznavour, ça donne: <<Aujourd'hui encore, j'avais vingt ans>>. Bonjour, la concordance des temps! Et la pauvre Diane Tell, que dirait-elle devant une telle reprise: <<Demain, j'ai rencontré l'homme de ma vie.>>?
Ne parlons pas des cas extrêmes qui vont jusqu'à pas parler de <<petite cuaujourd'hui>>, à ne passer que la <<serpaujourd'hui>> et à s'appeler Paujourd'hui!
Allez, stop! J'aurais bien d'autres exemples à vous donner, mais pas aujourd'hui. En attendant, souhaitons à ces gens des surlendemains qui chantent.
image: © 1993, sony music entertainment S.A.
Partage